Fête des Mères, plus que particulière, ce 7 juin 2020
Cette Fête des Mères 2020 est toute particulière pour de nombreuses Mamans, celles qui viennent de donner naissance à leur 1er enfant ou le suivant d’une fratrie, celles qui sont hospitalisées, celles qui vivent dans un lieu collectif comme les EHPAD, les EHPA, résidences seniors. Cette crise sanitaire inédite va laisser des souvenirs bien désagréables à de nombreuses Mamans et à leurs enfants, au nom de la protection, protection qui n’est pas toujours comprise dans son application. Les lieux de vie collectifs sont perçus comme hyper dangereux alors qu’à l’extérieur, dans la rue, les magasins, les domiciles privés, la VIE a repris presque son cours, voire même son cours normal, pour beaucoup qui sortent sans masque dans la rue et dans les magasins.
Parallèlement, le virus semble marquer un vrai frein, le nombre de nouveaux cas n’augmente pas. Je le suis régulièrement, faisant partie de celles qui sont plus que prudentes. Cela ne veut pas dire que le virus ne circule plus, comme circule, tous les hivers, celui de la grippe et bien d’autres desquels il est judicieux de se protéger par les mêmes gestes barrières.
Pour ma part, j’applique déjà régulièrement ces gestes barrières dès l’automne, comme par exemple ne pas embrasser dans le champ amical, se laver les mains en rentrant de l’extérieur, ne pas boire dans le même verre, ne pas manger dans le même plat, prendre une cuillère propre pour goûter un plat… tous ces gestes semblent oubliés et pourtant ils sont la base de la non-transmission des microbes, des virus.
Aussi, en appliquant toutes ces règles d’hygiène basiques, ne pourrions-nous pas reprendre nos liens sociaux et surtout familiaux, notamment des jours comme celui-ci, de Fête des Mères, connu pour regrouper les familles. Ce jour est aussi important que tous les jours fériés passés et les anniversaires marqués dans la plus profonde solitude pour de nombreuses personnes. Je sais que la solitude existe, comme à Noël, période très difficile pour beaucoup de personnes. La solitude existe, on ne peut le nier, mais la faire passer pour normale, usuelle, au nom d’une protection pour vivre plus longtemps, a-t-il vraiment du sens ? Est-ce logique, dans une société où de nombreux professionnels nous rappellent régulièrement les bienfaits des liens sociaux pour préserver, maintenir ses fonctions cognitives. Nous sommes en train de rentrer dans un cercle infernal qui pose beaucoup de questions et où les conséquences de cet isolement imposé vont être très nombreuses. Seront-elles quantifiées à leur tour ?
VIVRE c’est prendre des risques, c’est partager, rencontrer, sourire, rire, construire des souvenirs agréables ou parfois désagréables quand il y a des tensions, mais ce n’est pas se demander si on va revoir ses enfants, ses petits-enfants, mourir seul ? Celles et ceux qui ont vécu la fin de vie de leurs parents ou proches connaissent ce que l’on ressent à ce moment, ce moment que nous avons envie de ne pas manquer, pour ne pas laisser partir notre mère, notre père, notre proche, tout seul.
Toutes ces règles de proximité, préconisées habituellement, ont été tout simplement occultées pour les personnes qui sont décédées seules et avec quelles conséquences psychologiques pour les membres des familles qui vont devoir continuer leur vie sans ces moments si précieux.
Cette journée se termine donc dans la tristesse, pour beaucoup d’enfants de parents résidant en EHAPD, pour ne pas avoir pu rendre visite à leur maman comme ils l’espéraient après les annonces. Ces enfants n’ont pas pu rentrer en contact avec leur maman par téléphone, Skype ou toute autre technologie, par ce que leur maman est trop dépendante, malvoyante, malentendante, atteinte de troubles cognitifs, pour réaliser seule ces actions de communication simples pour nous tous qui avons toutes nos capacités physiques et mentales.
Cette situation sanitaire inédite amène à se poser la question où est-il mieux de vivre, de terminer sa vie, dans un lieu collectif choisi respectueux de notre santé ou dans un domicile privé adapté, organisé ?
L’acceptation de ces règles sanitaires, hyper rigoureuses, isolantes, pour protéger les personnes vulnérables n’est-il pas, malgré tout, une atteinte à la liberté, la leur et la nôtre, en qualité d’enfant, de petit-enfant, d’ami ? Nous perdons des moments de rencontres précieux, ils ne se retrouveront pas. Comment allons-nous retrouver ces résidents coupés de tous liens familiaux depuis des mois ? Ils se sentent abandonnés, perdent l’appétit, maigrissent. Des questions font jour sur l’évolution de la santé psychologique des résidents.
Je vous souhaite à toutes et tous concernés par cette situation de conserver votre patience pour retrouver votre proche, dès que possible, en respectant les gestes barrières, pour la santé morale de toutes et tous, parents, enfants et petits-enfants.